Les orageuses

Marcia Burnier

Cambourakis

  • Conseillé par
    16 août 2024

    femme

    Où l’on suit alternativement Mia et Louise, deux amies qui ont subi le même traumatisme : elles ont été violées.
    Louise a du mal à se remettre : son corps lui est devenu étranger. Mia est aussi pleine d’une colère qu’elle a du mal à canaliser.
    J’ai aimé que l’auteure me parle du viol : comment et pourquoi les hommes passent toujours au travers des mailles du filet ; ce que cela fait sur la victime qui ne doit pas se victimiser.
    J’ai aimé ce gang de filles qui décident de prendre les choses en main et de se venger, sans coup, juste des dégâts matériels chez ces hommes qui se pensaient intouchables.

    J’ai aimé les références pas trop appuyées aux sorcières.

    Et surtout, malgré toute la colère qu’il y a au début du roman, j’ai aimé que ces filles, après des moments de dépression plus ou moins sévères, sachent se reconstruire entre elles.

    J’ai été effaré de lire que rien, dans les institutions de l’État, ne soit mis en place pour aider ces filles et ces femmes victimes.
    J’ai aimé lire, encore une fois, pourquoi les femmes sont d’éternelles victimes : les injonctions qu’elles reçoivent depuis toute petite, leur parole toujours mise en doute, la faute rejettée sur elles.
    Un texte fort sur des jeunes femmes qui ne s’en laisse plus compter.
    L’image que je retiendrai :
    Celle du taser ou de la matraque que certaines d’entre elles portent toujours sur elle et qui leur sert, malheureusement.


  • Conseillé par
    6 décembre 2021

    VIOL

    Ce mot vous met tout de suite mal à l'aise, vous avez envie de passer votre chemin, faire comme si vous n'avez rien entendu.
    C'est comme si un sens interdit s'affichait subitement, nous demandant de faire demi-tour.

    Ce mot, pour tous ceux qui l'entendent mais qui n'ont jamais à l'utiliser, c'est un point. L'histoire s'arrête là, il n'y a plus rien à dire après.
    Mais pour celles qui l'usent couramment, ce sont trois petits points. Suspendus quelque part dans la bouche, qui s'arrêtent juste à la frontière des lèvres et qui retombent dans la gorge, se coincent et étouffent.

    "Les Orageuses", c'est un point d'exclamation. Le cri perçant qui redonne la voix à toutes ses femmes qu'on pousse au silence et qu'on oublie.
    C'est un cri libérateur qui parle de l'après, que l'histoire ne s'arrête pas au viol, que la vie continue sans que rien ne soit plus pareil, mais qu'il ne faut pas réduire ce passage de leur vie au seul statut de victime. Car ses femmes ont encore du pouvoir si seulement on voulait le voir.

    C'est un récit brutal car il ne cache pas les mots, ne les pose pas en demi teinte ou les enroule dans de jolies métaphores. C'est la voix des femmes qu'on vole, qu'on dépouille et que la société pousse au silence. C'est la voix des femmes qui décident de gueuler, de se battre, de reprendre possession de leur vie, de leur corps, de retrouver la justice et la confiance dont elles ont été privées.

    Au final, c'est un livre qui prouve que le viol n'obtient pas le dernier mot. Qu'il y a des pages et des pages après lui. Qu'elles s'envoleront peut-être au vent, seront raturées, déchirées mais qu'il y aura bien une suite et qu'elle aussi a le droit à la parole.