Les saints bretons entre légendes et histoire, Le glaive à deux tranchants
EAN13
9782753530324
Éditeur
Presses universitaires de Rennes
Date de publication
Collection
Histoire
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Les saints bretons entre légendes et histoire

Le glaive à deux tranchants

Presses universitaires de Rennes

Histoire

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Quel rapport y a-t-il entre le légendaire des saints bretons qui donne son
titre à l’ouvrage et l’enluminure empruntée au Beatus (1086) conservé à la
cathédrale de Burgo de Osma (Soria) qui en illustre la couverture ? Aucun, à
première vue. Toutefois, ce rapprochement n’est pas aussi artificiel qu’on
pourrait le penser. On insiste souvent sur les particularismes des Vies de
saints bretons. Elles appartiennent pourtant à un genre littéraire qui fleurit
alors dans toute la chrétienté médiévale. Ces textes entendent actualiser
l’Écriture sainte au même titre que le programme iconographique de l’abbé
Beatus de Liébana (fin du viiie siècle) vient illustrer l’Apocalypse. L’« épée
effilée » placée par saint Jean dans la bouche du « Verbe de Dieu » doit «
frapper les nations » avant le premier combat contre la Bête qui inaugurera le
règne de mille années auquel auront part les saints (Ap., 19, 15). Cet
arrière-plan millénariste que fait ressortir l’enluminure espagnole se décèle
aussi derrière la présentation par les hagiographes de l’« Âge des saints »
comme le fondement d’une chrétienté bretonne « incréée » (J.-C. Cassard).
D’après saint Paul, ce « glaive à deux tranchants » est la parole de Dieu qui
« pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des
articulations et des moelles » (He., 4, 12). En dépassant l’opposition
obsolète entre culture « folklorique » et culture « savante », les études de
cas (inédites ou actualisées) présentées par Bernard Merdrignac révèlent la
complexité des interactions à l’œuvre dans une littérature relevant d’un «
outillage culturel à double tranchant » (J. Le Goff) et donc susceptible de
plusieurs niveaux de lecture. Les relations entre l’homme et l’animal (le
loup, en particulier), les positions des lettrés à l’égard des géants
originels, la place des rapports de « genre » dans cette littérature
cléricale, les interférences entre représentations socio-économiques et
conceptions idéologiques sont autant de thèmes qui font ressortir l’apport des
sources hagiographiques bretonnes à l’histoire religieuse et culturelle du
Moyen Âge.
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